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Portrait de pro - Ouria, APE aux Explorateurs de Chardon Lagache

 

 

Bonjour Ouria, est-ce que vous pouvez vous présenter ?  

Est-ce vous pouvez nous raconter votre parcours ?

 

Je suis Ouria, je suis maman de 3 enfants, j’ai un CAP Petite Enfance et je suis Auxiliaire Petite Enfance à la crèche de Chardon Lagache.

Je suis arrivée d’Algérie en 2008. Pour améliorer mon français, on m’a conseillé de devenir nourrice. Je me suis alors occupée d’un petit garçon, qui était déjà scolarisé, et de sa petite sœur. On a passé une super année. Mais le rythme ne me convenait pas : je ne pouvais pas travailler seulement 1h par ci par là. Les parents, qui me trouvaient bien avec leurs enfants, sont allés voir la PMI : la PMI m’a contactée, elle est venue visiter ma maison et m’a parlé du métier d’Assistante Maternelle. Ils ont fait la démarche pour que j’ai mon agrément. J’ai fait ma formation de 120h, et j’ai commencé chez moi avec deux petites filles, une de 2 mois, et une de 3 mois. Je les ai gardées jusqu’à leur première rentrée scolaire. La séparation a été très dure ; on a même fait une adaptation pour se séparer. Je suis devenue maman ensuite.

A St Cloud, on m’a conseillé d’aller vers la crèche. Parce que la séparation avec les deux petites filles avait été trop dure pour moi. J’ai été embauchée à un poste de remplaçante dans une crèche avec 85 berceaux en âges mélangés. Je ne savais pas comment ça marchait, la directrice n’était pas toujours là, je n’avais pas de diplôme... J’ai trouvé que nous manquions de temps pour les enfants. Je suis restée 10 jours et j’ai préféré partir.

 

Avez-vous continué en crèche ?

 

J’ai connu ensuite une autre crèche, où la directrice m’a très bien formée. J’y ai découvert ce qu’était la sécurité affective, etc… J’étais dans la section des bébés, mais j’allais aussi chez les Moyens-Grands si c’était nécessaire.

Avant j’étais assistante maternelle ; j’étais tout le temps toute seule, à la maison. Mais après un an en crèche bilingue, j’ai plus appris qu’en trois ans et demi chez moi. Grâce à l’équipe et grâce à la directrice, j’ai appris plein de choses sur les enfants. J’ai appris comment accompagner la séparation, j’ai découvert ce qu’était la sécurité affective, l’importance des transmissions, comment répondre aux besoins des enfants...

Il y a des choses à propos de l’hygiène et à propos de la sécurité physique et psychique des enfants que j’ai apprises là-bas. Par exemple comment soigner les érythèmes fessiers. Ou bien comment parler à l’enfant ; si on répète à l’enfant ce qui s’est passé dans sa journée, si on lui raconte sa journée, il n’est pas perdu dans le rythme, il est tout le temps rassuré. D’où l’importance des rituels pour ne pas perdre l’enfant. Les bébés, eux, ont parfois juste besoin d’un regard, d’une caresse. J’ai appris en crèche à dire : « Tout va bien, tu n’es pas tout seul, je suis là » etc…

C’était une très belle expérience. On avait plus de temps pour accompagner les enfants. Mais il s’agissait d’une crèche bilingue, et elle manquait de personnel qualifié, notamment pour les langues. La crèche a dû mettre la clef sous la porte.

 

Qu’avez-vous fait ensuite ?

 

Ensuite j’ai rejoint une crèche à St Cloud. Là-bas, j’ai constaté qu’il se passait des choses anormales, c’était douloureux pour moi, je ne suis pas restée. Je n’ai même pas terminé mes deux mois de période d’essai. Avant de partir, j’ai tout de même parlé à la chef de la sécurité.

Après cette expérience, j’ai rejoint une autre crèche de 45 berceaux à Puteaux. Ça manquait d’hygiène. Et quand les parents vont à la crèche, c’est moi qu’ils voient ; c’est comme ça que je fonctionne. Avec les enfants, j’ai des principes et je ne lâche jamais. Parfois, je ne dormais pas la nuit. La directrice m’a conseillé de partir. L’entreprise m’a rappelée par la suite pour que je revienne ; c’était juste à côté de chez moi, et l’équipe avait changé. Mais j’ai dit non. Quelque chose s’était cassé.

J’ai eu de mauvaises expériences… J’ai ensuite passé deux entretiens pour rejoindre des crèches municipales, et j’ai trouvé une annonce pour intégrer Les Bébés Explorateurs sur Internet. La directrice m’a contactée. J’ai passé tous les entretiens en même temps. Quand je suis arrivée chez LBE, j’ai tout raconté à la directrice. Je lui ai dit que c’était ma dernière chance : soit je trouve ce que je cherche dans ce secteur, soit je quitte le monde de la crèche. La directrice a dit ensuite : « J’ai vu Ouria, elle a vraiment la passion des enfants. »

J’ai validé mon CAP et j’ai rejoint la crèche où je suis aujourd’hui.

 

Comment vous sentez-vous dans cette entreprise ?


Ils me respectent. Moi j’ai trois enfants. Dans mon planning, je fais par exemple 10h - 18h et je récupère mes enfants à 18h30 au centre de loisir. Certaines crèches m’auraient imposé de travailler tard, ce n’est pas le cas ici. Ici, lorsqu’on doit changer d’horaires, on le sait avant et on peut s’organiser.

J’ai beaucoup de collègues qui ont l’impression d’être des objets dans d’autres entreprises. Là, on est respecté. Et on s’organise en équipe ; on s’organise et on trouve toujours des solutions.


Et au sein de cet établissement, vous vous sentez comment ?

 

Je ne suis pas parfaite mais j’adore ce que je fais. J’adore être en crèche. Je viens le matin avec la joie et ici on travaille dans le respect ; pour les enfants comme pour les collègues. Il y a des limites, des règles, etc mais il faut aussi un côté humain nécessaire avec les enfants.

Là j’ai trouvé ma joie. Avant, j’avais arrêté de parler à table. Je ne racontais plus rien. Mes enfants me demandaient : « Pourquoi tu ne parles pas Maman ? » Quand j’étais assistante maternelle, je parlais tout le temps à table. Mais au cours de mes mauvaises expériences, je ne pouvais plus. Je répondais : « Je suis fatiguée ». J’ai pris ce poste il y a un an, mais j’ai l’impression que c’était hier. Le soir, je rentre contente. Je raconte ma journée à mes enfants… Même mon mari a remarqué que j’avais l’air plus heureuse ; plus heureuse de me lever le matin, plus heureuse quand je rentre le soir.

On est bien dans notre métier : on s’occupe bien des enfants et la communication se passe très bien, avec les collègues comme avec la responsable. On travaille bien, en équipe ; on s’aide, on rit, on est à l’aise. Si en arrivant le matin, je vois ma collègue en difficulté, je lui propose de l’aide. Peut-être a-t-elle mal à la tête, je lui propose alors de faire une tâche à sa place. On communique. Il y a un côté humain. Parfois on se trompe, et ce n’est pas grave. C’est comme avec les enfants : il faut toujours rester positif.

Il y a une bonne ambiance… c’est très important l’ambiance ! Si on ne s’entend pas, la journée ne se passe pas bien, et l’enfant est comme une éponge. Le bien-être de l’enfant est important pour chacune d’entre nous. Ça joue un rôle dans le fait que je me sente bien dans ma crèche. On suit une journée type, mais chaque jour est différent.

 

Quelle est votre journée type ?

 

Ça dépend de mon heure d’arrivée.

On a une journée type, mais on s’aide entre nous. Je ne regarde pas ce que fait ma collègue : si quelque chose est à faire, je le fais. Je travaille comme ça. On s’aide entre nous.

Parfois on s’écarte un peu de la journée type aussi. On s’adapte.

 

 

 

Qu’est-ce que vous préférez dans votre métier ?

 

Être avec les enfants : chanter, danser, faire le repas, accompagner à la sieste, nettoyer les repas… Tout. J’adore tout avec les enfants.

 

Qu’est-ce qui vous semble le plus difficile ?

 

Le départ des parents le matin. Je ne sais pas pourquoi…

C’est comme une grande responsabilité. Ils me donnent ce qu’ils ont de plus cher, qu’ils ne pourront ni vendre ni acheter. J’ai l’impression de remplacer la maman… même si ce n’est pas très professionnel de dire ça. C’est important que le parent parte sans voir son enfant pleurer.

 

Quel regard vous portez sur votre secteur ?

 

En 2022, c’était horrible pour moi. Je n’étais pas bien…

Mais depuis que je suis dans cette crèche, c’est une joie.

Il me reste une idée en tête : la petite Enfance, ce n’est pas un métier, c’est une passion. Ça se voit les gens qui ont la passion, même si chacun est différent.

 

Où est-ce que vous vous voyez dans 10 ans ?

 

Mon rêve ce n’est pas d’être Responsable Technique ou Directrice, c’est de faire des ateliers.

Par exemple, j’observe ce que fait Karine, une intervenante extérieure et ensuite je lui demande si je peux répéter ce qu’elle a fait. J’adore faire ça.

Je suis aussi en train de préparer une VAE d’AP.

 

Avez-vous envie d’ajouter autre chose ?

 

Non je ne vois pas.

Il ne faut pas que les choses changent par rapport à ce qu’elles sont aujourd’hui. Je ne demande rien de plus. C’est une fierté pour moi de travailler dans mon entreprise par ce que j’ai vu ailleurs, c’est une douleur. Dans cette crèche, on a nos valeurs, on n’est pas juste des agents. J’ai ce sentiment, et je pense que mes collègues aussi.



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