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Portrait de Pro : Dany, Auxiliaire de Puériculture aux Explorateurs de Lourmel

Bonjour Dany, est-ce que vous pouvez nous raconter votre parcours ?


La petite enfance, c’est un milieu qui m’a plu très jeune, dès la classe de 3ème. J’avais rencontré alors une conseillère d’orientation qui m’avait dit que ce n’était pas un métier d’avenir. Je me suis alors orientée vers la couture…. Et ça ne m’a pas du tout plu. Je suis partie ensuite à la Fac pour faire une maîtrise d’Histoire de l’Art, mais je n’ai pas trouvé d’emploi dans ce secteur.

Je me suis alors rendue au Pôle Emploi. Là-bas, j’ai rencontré une conseillère qui m’a aidée à retracer mon parcours et au cours de nos discussions, l’idée de la petite enfance a vite resurgi… Elle m’a aidée à trouver une formation d’Auxiliaire de Puériculture. J’ai passé les tests psychotechniques, puis l’oral à l’institut Suzanne Perousse, je les ai eus et j’ai donc intégré cet institut en Janvier 2007. Au cours de cette formation, j’ai fait plusieurs stages : en PMI, en maternité, à l’hôpital et en crèche. En décembre, j’avais mon diplôme.

En Janvier 2008, j’ai rejoint une crèche privée, où je suis restée 3 ans. J’y ai vraiment appris le métier ; je venais tout juste de sortir de l’école et sur le terrain, j’ai vu ce que c’était vraiment qu’une adaptation, une mise en place d’activités, un aménagement de l’espace, etc. Je n’avais pas vraiment de contact avec les EJE donc je n’ai pas découvert ce métier à ce moment-là.

En sept 2011, j’ai changé de structure et j’ai rejoint une nouvelle crèche à l’ouverture de laquelle j’ai participé. J’y suis restée 5 ans. J’ai été affectée à toutes les sections et c’est là où j’ai découvert le métier des EJE et leur rôle. Je suivais des formations en parallèle, et j’ai pu participer à certains projets de réflexion, au sujet par exemple des règles et des limites, de la bienveillance… J’étais en relais de direction. Cette expérience a été enrichissante, elle m’a notamment permis de développer mes capacités d’observation et d’écoute, et de comprendre comment fonctionne la cohésion d’une équipe.

Après 5 ans dans cet établissement, je ne trouvais plus ma place. J’ai fait une demande d’agrément pour devenir Assistante Maternelle et c’est un métier que j’ai fait pendant 3 ans.

En août 2019 j’ai rejoint Les Bébés Explorateurs. C’était la deuxième fois que j’avais la chance de participer à une ouverture de crèche. J’ai passé deux ans dans la section des Bébés, et j’entame cet automne ma deuxième année chez les Grands.


Pourquoi est-ce que vous préparez aujourd’hui une VAE pour devenir EJE ?


Une VAE d’EJE, c’est un projet que j’avais en tête depuis longtemps. Les directrices d’établissement qui m’avaient encadrée dans mon parcours avaient planté une petite graine… Dans mon environnement professionnel, on ne faisait pas de distinction entre les postes : au cours d’une réunion, l’équipe réfléchissait ensemble, tout le monde avait droit à la parole de la même façon. Au cours de la troisième, ou de la quatrième année peut-être, j’ai senti que mon discours changeait.

A l’époque, ma vie privée ne me permettait pas de me projeter dans une évolution.

A la fin de l’année 2019, je me suis séparée de mon conjoint. J’ai entamé une période de grande remise en question à la suite de cela. En tant que femme, et en tant que pro. J’avais besoin d’un nouveau challenge.

Je me suis orientée vers la VAE parce qu’aujourd’hui, je sais que j’ai gagné en compétences et je souhaite valoriser cette expérience.

C’était aussi le seul moyen pour moi de gravir un échelon. Je suis maman d’une petite fille et l’école, c’était financièrement impossible avec un enfant.


Comment préparez-vous cette VAE ?


Je suis accompagnée par un centre de formation, au sein duquel une pédagogue en particulier m’accompagne.

Il faut savoir que La VAE se compose de deux livrets. Dans un premier livret, il faut justifier ses années d’expérience. Une fois le livret 1 validé, on doit expliquer dans un deuxième livret en quoi notre positionnement est déjà celui d’une EJE. La pédagogue qui m’accompagne m’a conseillé de lire le référentiel et m’a demandé de réfléchir à ce que je pouvais identifier comme « Fonctions » (NDLR : terme équivalent ici à celui de « Compétences »). Il faut ensuite illustrer ces fonctions par des situations vécues et nourrir le projet de nos recherches documentaires. La pédagogue lance des pistes, je rédige de façon autonome, et elle me corrige. Lorsqu’il est terminé, le livret 2 est envoyé, et on attend de passer l’Oral, que je prépare grâce à des oraux blancs, avec plusieurs pédagogues du centre.

Ce projet, il a pris du temps, il a cheminé… J’ai commencé l’année dernière.


Pourquoi avez-vous choisi d’être accompagnée par ce centre de formation ?


J’avais besoin de quelqu’un qui me corrige, qui m’oriente, parce que j’avais vu le contenu du livret 2, et j’avais également lu sur des forums des témoignages à propos de questions que les jurys pouvaient poser et qui étaient terrifiantes… Être accompagnée, ça me rassurait dans l’écriture de mon dossier et dans mes réponses.

Moi, j’avais vraiment besoin d’être suivie par quelqu’un. Cette VAE, je l’aurais faite de toute façon, mais peut-être pas dans un laps de temps limité.


Et comment avez-vous choisi cet organisme ?


Une de mes collègues qui fait une VAE d’Auxiliaire m’en a parlé. Je suis allée voir, j’ai fait une demande de rendez-vous et les choses se sont faites comme ça. J’ai rencontré une dame charmante et rassurante, puis ma pédagogue, et j’y suis restée. Cette formation est payée par le CPF.


Quel a été le rôle de votre entourage professionnel dans cette aventure ?


J’ai eu la chance d’avoir des collègues, notamment ma collègue EJE, Charlotte, et une direction qui me soutiennent. Quand Charlotte est arrivée à la crèche, on a pris un temps pour discuter et elle m’a dit « j’ai l’impression de parler à une collègue EJE »… Que mes collègues EJE me fassent confiance et me confient des missions d’EJE, ça m’a vraiment donné confiance. Ça m’a mis un coup de boost.

J’en avais besoin parce que j’ai passé des soirées, des week-ends dessus… j’ai mis beaucoup de choses entre parenthèses pour cette VAE.

Une fois abouti, on est content du résultat.


Qu’est-ce que cette VAE change pour vous dans votre vie professionnelle ?


Ça permet de se remettre en question. De prendre du recul sur nos pratiques, sur des choses qu’on pensait acquises… mais en les écrivant on les repense, on les revoit, on a envie de les travailler en équipe. Et puis les lectures annexes font réfléchir et nous enrichissent, notamment celles qui traitent des neurosciences.

Mon accompagnement auprès de l’enfant, je le vois différemment aussi. Depuis que j’ai commencé ma vision a changé. Mes deux métiers se complètent…Je deviens une EJE !


Quelles difficultés rencontrez-vous dans cette évolution ?


Pour moi, la plus grande difficulté c’est de concilier l’écriture du dossier avec la vie privée.

Au sein de la crèche, je ne rencontre aucune difficulté, mais je le savais : j’avais le soutien de mes collègues et de la direction.


Et quelles satisfactions rencontrez-vous ?


La première satisfaction, ce sont les retours positifs des collègues et de la direction qui prennent le temps nécessaire pour m’aider.

Mais surtout, lorsque les choses avancent, on est content. C’est beaucoup de travail. Je suis fière de ce que j’ai fait et de ce que j’ai écrit. J’appelle ça mon petit bébé ! J’y ai consacré du temps et ce n’est pas pour rien.

Et puis la satisfaction finale, ce sera le diplôme et l’idée que mon poste d’EJE m’attend au chaud, ici.


Qu’est-ce qui vous a manqué dans votre accompagnement ?


Rien, une super pédagogue, avec d’excellents taux de résultats, hyper bienveillante, et sans aucun jugement, m’accompagne. Je n’avais besoin de rien d’autre.


Vous avez des envies de progression particulières ?


Cette VAE me donne des idées pour occuper à l’avenir un poste de direction. Quand j’ai dit à ma fille que je préparais un diplôme qui allait me permettre, plus tard, d’être directrice de crèche, elle n’en revenait pas. Elle était super fière !

Dans un premier temps, je vais d’abord acquérir de l’expérience en tant qu’EJE, mais ce qui va me manquer ensuite, c’est tout ce qui a trait au management ; j’espère que Charlotte et ma directrice me guideront.


Vous êtes passée par le « métier terrain », quel regard ça vous fait porter sur votre métier ?


On est une équipe pluri disciplinaire avec des diplômes différents et toutes nos actions sont orientées vers la même chose : l’enfant et son bien être au quotidien. Chacune peut apporter son point de vue sur l’enfant.

Passer d’Auxiliaire à EJE ça permet d’avoir deux visions de deux métiers qui se complètent. L’auxiliaire va être attentive à tout ce qui est soins, alors que l’EJE est plus portée sur le développement. Je me dis que j’ai ces deux choses ; et ces deux bagages là, ça peut être un plus pour plus tard.


Vous voulez ajouter quelque chose Dany ?


Les gens doivent se faire confiance et doivent se lancer s’ils pensent avoir l’expérience et les acquis nécessaires pour y arriver.

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